Concours externe IR/IE après une thèse

[jacques123]

Bonjour à tous, ravi d'avoir trouvé ce forum qui est une mine d'informations !

Je suis en deuxième année de thèse en physico-chimie des matériaux et je me destine maintenant assez clairement vers un l'accompagnement à la recherche. Les ITA formidables de mon laboratoire m'ont donné goût à ce métier.

Je suis en recherche de retours d'expériences d'ITA ayant passé le concours pendant/juste après leur thèse, ou pendant/juste après un post-doc. J'ai donc une foule de questions !

- Comment préparer le concours au mieux ? Au laboratoire, est-il intéressant de consacrer du temps à développer des connaissances/compétences particulières ?
- On m'a beaucoup parlé du fait que des laboratoires présentaient souvent des "candidats maison", en post-doc en général dans leur laboratoire ; est-ce une pratique courante de "démarcher" les laboratoires de ma spécialité pour savoir si des postes vont s'ouvrir/si un post-doc chez eux pourrait déboucher vers un poste d'ITA ?
- Étant contraint géographiquement par l'emploi de mon épouse, je ne pense pas m'interdire de candidater aux postes d'IE. Est-ce "mal vu" de s'y présenter en tant que docteur ?

En vous remerciant pour votre temps !

[Argon]

Bonjour Jacques,

- Impossible de donner LA méthode infaillible pour réussir son concours mais en toute circonstance, il est utile de développer ses connaissances et ses compétences. Ce que je dis est bateau mais plus vous êtes qualifié, plus vous serez recruté sur des CDD après votre thèse (Les candidats locaux, c'est pour la question suivante).

Par contre, je retiens une chose très bien que vous dites : l'accompagnement à la recherche

En tant qu'IR, vous serez dans une fonction soutien. Même si cela n'empêche pas d'avoir une part de recherche, c'est AVANT TOUT du soutien aux équipes de recherche. On voit beaucoup de post-docs considérer un poste d'Ingénieur de Recherche comme un moyen facile de se faire un poste de chercheur CR. C'est la hantise des représentants de structure et le jury y est généralement très attentif.

Dans mon labo, on a le cas d'une personne qui a délaissée le soutien à la recherche au profit de sa propre recherche et ce n'est pas sans conséquence.

- Les laboratoires présentent souvent des candidats locaux mais il me semble que le CNRS est plus enclin à accorder un poste quand il a l'assurance qu'il y a au moins quelqu'un pourra pourvoir à ce poste (Un concours infructueux est souvent synonyme de perte de poste pour la structure d'accueil).

Je pense que vous pouvez démarcher les laboratoires qui pourraient proposer des CDD IR mais n'oubliez pas que vous y allez avant tout pour ce que le laboratoire fait, pas pour avoir un poste fixe. Un laboratoire sera peu désireux de recruter quelqu'un qui fait passer son intérêt personnel avant celui du labo (Evident, n'est-ce-pas ! ).

Beaucoup décrient aussi cette pratique ce que je comprend tout à fait mais du point de vue du laboratoire, il peut être important de tester une personne surtout quand les postes sont difficiles à obtenir

Il faut aussi considérer que c'est un pari. Si un laboratoire peut envisager de demander un poste pour pérenniser votre présence, c'est très rare qu'il soit en mesure d'assurer cela à 100 % dès le début du CDD même si vous faites parfaitement le job.

Enfin, être candidat local peut aider mais n'assure pas la réussite au concours et n'exempte surtout pas de bien le préparer.

- La réponse est difficile et certains me contrediront.
La seule chose qui est sûr est que le règlement des concours autorisent votre candidature à des postes d'IE.

Pour le reste, c'est très subjectif et donc ce n'est que mon avis (Je serai intéressé par d'autres avis d'ailleurs).

Pour un poste IE, je ne pense pas que ce soit un problème.

Le souci commence à se poser quand on voit des docteurs candidater sur des postes d'AI ou de T ce qui est une dérive qu'on observe à mesure que les opportunités se raréfient. Plusieurs questions se posent dans ces cas-là :

- A long terme, ne va-t-on pas avoir un agent frustré ?
- Ne met-on pas sous l'éteignoir des candidats au cursus plus court ?
- etc...

Je serai ravi de lire d'autres avis sur ces questions.

[Xav_D]

Bonjour,

Je vais essayer de répondre à vos interrogations.

Pour la 1ère, ça va peut-être paraître idiot, mais rien ne vaut le fait de passer les concours pour se faire la main. C'est en forgeant qu'on devient forgeron ;-)
Si vous vous destinez à l'accompagnement à la recherche, vous pouvez sans délaisser vos travaux de thèse, demander une formation au concours. Ce n'est pas la panacée, mais cela peut servir à cerner la manière de candidater.
Dans le cadre des concours externes, on voit souvent l'erreur de candidates et candidats qui produisent plus un rapport d'activité qu'une lettre de motivation tel que c'est demandé pour le concours. Il faut mettre vos expériences et compétences au service des attentes du poste et montrer votre volonté de vous investir dans celui-ci, montrer l valeur que vous apporterez au poste.

C'est moins les unités qui présentent des candidates et candidats maison que des candidates et candidats maison qui se présentent sur un poste qui ouvre dans leur unité. Attention à l'erreur souvent commise qui est de croire que c'est la personne qui est sur le poste qui va l'avoir. Certes cette personne a plus de chance de réussite parce qu'elle connaît en principe parfaitement le contour du poste et son environnement, toutefois cette connaissance a un prix celui de devoir prouver qu'on est meilleur que les "extérieurs".

Il est toujours intéressant de prospecter notamment cela permet de connaître les unités, les thématiques de celles-ci et l'ambiance au sein de celles-ci.

Pour ce qui est de concourir en tant que docteur sur des postes IE, c'est tout à fait possible et ce n'est pas vraiment handicapant puisque les docteurs représentent une grande majorité de celles et ceux qui présentent des concours d'ingénieur d'études. En revanche comme l'indique Argon, mieux vaut oublié les postes d'AI et plus encore ceux de technicien. Toutefois, il faut savoir qu'il faudra parfois des années même après avoir rempli les conditions d'ancienneté pour présenter les concours internes IR avant d'en être lauréat.

J'espère avoir été un peu utile dans votre réflexion.

[jacques123]

Bonjour à vous deux, et merci pour vos réponses détaillées, sur les candidats locaux et les postes d'IE notamment.

En tant qu'IR, vous serez dans une fonction soutien. Même si cela n'empêche pas d'avoir une part de recherche, c'est AVANT TOUT du soutien aux équipes de recherche.

C'est exactement ce qui m'attire dans le métier ! J'ai aimé durant ma thèse me spécialiser dans certaines techniques et offrir un soutien et/ou participer aux projets de mes co-thésards. Je suis heureux de constater que mes perspectives sont en adéquation avec mes attentes. 

Je pense que vous pouvez démarcher les laboratoires qui pourraient proposer des CDD IR mais n'oubliez pas que vous y allez avant tout pour ce que le laboratoire fait, pas pour avoir un poste fixe.

Je comprends bien sûr, il ne me viendrait pas à l'esprit de choisir un sujet scientifique qui ne me motiverait pas. Je comprends néanmoins qu'un CDD IR est souvent conçu pour "tester" un candidat à un futur poste permanent, ou a minima parce qu'il est en projet d'ouvrir un poste d'IR, est-ce correct ?

Je suis également ouvert à d'autres avis sur mes premières questions. Merci d'avance.

[Xav_D]

Je comprends néanmoins qu'un CDD IR est souvent conçu pour "tester" un candidat à un futur poste permanent, ou a minima parce qu'il est en projet d'ouvrir un poste d'IR, est-ce correct ?

Bonjour,

Disons que c'est plutôt l'inverse. Les unités ont plus de facilité pour obtenir un CDD dans l'espoir un jour d'obtenir une ouverture de concours pour le poste désiré de la part des instituts. Cela se produit parfois en l'attente d'obtenir une NOEMI ou une FSEP, parfois parce que la NOEMI ou la FSEP ont été infructueuses et parfois les 2.

Parfois, le recrutement vient de fonds propres pour un projet et les unités essaient d'avoir un poste de titulaire dans l'espoir de titulariser un ou une contractuelle qui donne satisfaction, mais le profil de poste n'est pas toujours celui sur lequel il ou elle a été recrutée en CDD.

[jacques123]

Je comprends tout à fait.

J'ai rencontré aujourd'hui un IR de mon école qui me disait que la tendance actuelle était d'ouvrir de plus en plus de postes d'IR/IE en plateforme/en UAR et de moins en moins dans les labos, au moins pour la BAP B qui nous concerne. Faites-vous aussi ce constat ?

[Argon]

Dans votre question, je ne comprend pas le "en plateforme".

Depuis plusieurs années maintenant (5 ou 7 de mémoire), les laboratoires sont organisées en équipe avec surtout des chercheurs/post-docs/doctorants et en plateforme avec surtout des IT (sans exclusivité dans les deux cas). Les plateformes font partie des laboratoires.

Par contre, la tendance est clairement à recruter des IE et des IR lors de la session 2024 des concours externes (Encore de mémoire, les IE étaient le premier contingent avec environ de 120 postes suivi de 100-110 concours). Le nombre d'AI étaient en retrait et celui de techniciens quasiment marginal (moins de 20 concours).

Les possibilités de postes se raréfiant, les laboratoires cherchent à maximiser les compétences par poste.

Dans mon labo où nous sommes une vingtaine d'IT, nous n'avons plus de technicien et seulement 4 AI.

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Je trouve que, dans votre approche, il y a un angle mort. Comme je vous l'ai dit, j'apprécie votre discours qui comprend bien l'aspect "fonction de soutien" mais il y a ce chemin entre le doctorat et le concours

Cependant, il faut garder à l'esprit cet aléa qu'on appelle CNRS qui accordera ou pas le concours au gré de ses arbitrages qui ne tiendront pas forcément de vos compétences et de votre engagement. Par exemple, si votre laboratoire n'est pas un keylab (cette réforme sera mortifère mais c'est un autre sujet).

Avant de vous focaliser sur le concours, cultiver votre passion, vos connaissances et vos compétences. Si, in fine, le CNRS ne sait pas en tirer parti, un autre le fera 




 

[jacques123]

Merci pour ce conseil plein de bon sens. Je suis bien conscient que le meilleur moyen de préparer son avenir de chercheur, c'est de faire de la science ! Disons que je me renseigne sur cette voie qui m'attire mais que je connais moins que la voie CR/DR dont je connais le quotidien par mes encadrants.
Merci encore pour votre temps et votre bienveillance.